Pour embarquer le lecteur/spectateur dans ce voyage total, dans l’espace, dans le temps et dans la profondeur psychologique du Poète-Caméléon, la prose de Fernando Pessoa se fait alerte, vive, affûtée, tour à tour élégiaque, pensée philosophique, trait d’humour, « vers-crises d’hystérie », chanson traditionnelle ou comptine enfantine, hurlements ou onomatopées sonores….
Témoin, voyageur, immobile et dévoré par le désir, tour à tour homme faible et veule, pirate brutal, avide, puissamment érotique « femelle monstrueuse se soûlant dans les crimes » Fernando Pessoa chante à pleins poumons le fracas et la douleur extrême des mondes qui disparaissent, des enfances qui s’enfuient, de ce qui s’efface et ne reviendra plus.
Fernando Pessoa casse toutes les limites, toutes les frontières, et crée pour le comédien et le spectateur un espace unique, suspendu et atemporel, un monde de mots qu’il peuple de ses chimères, de ses peurs et de ses regrets.
« Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ; la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l’utile, celle où l’on finit par nous mettre au cercueil. »